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Covid et dépistage du cancer : à Lille, les inquiétudes du centre Oscar Lambret

par | Mar 17, 2021 | Dernières prises

C’est à distance, situation sanitaire oblige, via une visioconférence, que le centre Oscar Lambret (COL) de Lille a organisé mi-janvier une grande conférence de presse. L’occasion pour Eric Lartigau, son directeur général, de tirer la sonnette d’alarme quant aux retards de diagnostics en cancérologie liés à la pandémie.

Le centre Oscar Lambret est un centre régional de lutte contre le cancer situé à Lille (Hauts-de-France). Référence nationale en cancérologie, le centre a trois missions principales : le soin, la recherche et l’enseignement.

Un constat alarmant 

Eric Lartigau commence par un constat sans appel : en 2020, la sensibilisation a été difficile autour des sujets de santé hors Covid-19. Ce constat concerne particulièrement les cancers, « qui restent pourtant la première cause de décès en France », rappelle le directeur général. « Beaucoup de patients ne sont pas venus aux rendez-vous, ou ne se sont pas fait dépister », poursuit-il. Faute de diagnostics assez précoces, des décès supplémentaires sont à craindre dans les années à venir.

Au niveau national, ce sont 7% de patients en moins pris en charge pour un nouveau cancer en 2020 (par rapport à 2019). Pour le Centre Oscar Lambret, ce sont 2% de nouveaux patients en moins. Cette baisse a été particulièrement marquée chez les cancers gynécologiques, avec notamment une division par deux des cancers de l’ovaire pris en charge ou encore 23 000 mammographies en retard dans les Hauts-de-France.

Comme le rappelle Eric Lartigau, un diagnostic plus tardif est un risque en terme de pronostic mais sous-entend également des traitements plus agressifs et plus douloureux pour les patients.

Des équipes plus que jamais mobilisées 

Durant le premier confinement, « on a beaucoup applaudi les professionnels de santé », rappelle Eric Lartigau, qui félicite les équipes du centre, « extraordinairement mobilisées » durant cette crise sanitaire. Le directeur général se félicite d’une « organisation robuste », qui a permis de ne déprogrammer aucune opération pour des patients atteints de cancers.

Seules les interventions hors cancer, comme les reconstructions mammaires par exemple, ont dû être reportées. Durant toute l’année 2020, le centre a gardé une activité comparable à l’année 2019, sans rupture dans la continuité des soins. La téléconsultation s’est aussi particulièrement développée, afin de rassurer les patients peureux de se déplacer.

2021, une année de transition 

Interpeller, mobiliser et engager : voilà les maîtres-mots pour cette nouvelle année. « 2021 doit être une année de transition, et non pas une année d’attente, déclare le directeur du centre, nous sommes prêts à répondre aux enjeux du dépistage ». Le centre Oscar Lambret reste mobilisé pour assurer la continuité de la prise en charge de ses patients.

En 2021, le centre veut rassurer les concitoyens et les inciter à se faire dépister. « Le cancer ne doit pas attendre la fin de la pandémie pour être dépisté », martèle Eric Lartigau. Le mot d’ordre est clair : « Faites nous confiance, venez faire dépister, vous serez en sécurité ».

Le cancer, un enjeu régional 

La région Hauts-de-France est celle où il y a le plus de cancers en France, et une plus forte surmortalité liée au cancer. S’il n’y a pas de retard sur l’accès aux soins, c’est plutôt le recours aux professionnels de santé dans la région qui s’avère parfois problématique.

Eric Lartigau explique cela par plusieurs enjeux, culturels ou encore sociaux. « La santé n’est pas la priorité dans cette région », observe-t-il. C’est pourquoi il annonce un partenariat avec la métropole européenne de Lille (MEL) fin 2021, pour que la santé redevienne la priorité des habitants des Hauts-de-France.


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