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Elle a battu son cancer à plate couture

par | Juil 2, 2021 | Au fil de l'eau

À 30 ans, Anaïs Quemener a été atteinte d’un cancer du sein. Cette infirmière et sportive aguerrie a tenu la distance contre la maladie : il fallait courir pour s’en sortir.

Voix assurée, large sourire confiant. À 30 ans, Anaïs Quemener a été sacrée vice-championne de France de 100km en 2018. Pourtant, quelques années plus tôt, en 2015, le diagnostic tombe : cancer du sein. Anaïs court déjà depuis une vingtaine d’années. Face au cancer, elle refuse de se laisser aller. Elle a toujours avalé les kilomètres, sous la chaleur ou dans le froid. Sur des marathons ou des 100km, peu importent les conditions. Avant, pendant et après la maladie.

C’est une petite boule dans un sein qui l’alerte, à 24 ans. Compte tenu de son jeune âge, sa gynécologue la rassure et ne prescrit pas d’examens supplémentaires. Un an après, un autre médecin finit par l’examiner de plus près. “La masse avait bien grossi par rapport à l’année d’avant”, confie Anaïs.

Courir : la meilleure des thérapies

D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, le sport a toujours fait partie de sa vie. Alors quand elle apprend qu’elle est malade, il lui apparaît comme une évidence que la course ne s’arrêtera pas en si bon chemin. “Le sport, c’était vraiment ce qui me faisait du bien, ce qui faisait que je ne me sentais pas malade. C’était vraiment ma thérapie à moi”, observe la jeune femme.

Malgré sa détermination, Anaïs doit adapter ses allures et entraînements pour pouvoir continuer la compétition sans brusquer son corps. Les séances s’assouplissent. “C’était vraiment au jour le jour”, puisque la fatigue était bien plus présente, se souvient-elle. Anaïs a tenu à continuer la compétition sur des courses de 10km mais s’est résolue à arrêter le marathon. “Toute ma famille était contre”, ajoute-t-elle en riant. 

Anaïs garde toujours le sourire, même en plein effort sur le Trail de la Pointe de Caux.

Anaïs garde toujours le sourire, même en plein effort sur le Trail de la Pointe de Caux.

Crédits : Jean-Yves Quemener

Un nouveau défi se présente à elle : s’adapter à son nouveau temps de course. Habituellement, elle fait 10km en 36 minutes. Pendant son traitement, le chronomètre oscille plutôt autour de 44 minutes… Une petite différence qui en dit long pour la coureuse, championne de France de marathon en 2016. Ses médecins n’ont pas toujours apprécié qu’elle poursuive la compétition mais l’ont toujours encouragée à continuer de courir. Anaïs est formelle : la course lui a permis de vaincre le cancer. “Faire du sport en extérieur m’a rendue plus forte physiquement. Pendant les traitements, j’étais donc plus solide physiquement et aussi mentalement.” L’essentiel, pour elle, est de continuer à repousser ses limites.

Après avoir reçu un traitement de chimiothérapie, Anaïs a subi une ablation du sein gauche. Puis du sein droit, après avoir découvert que la cause de son cancer était génétique. Les échecs de reconstructions mammaires se sont ensuite enchaînés avec quatre rejets aux prothèses. Mais cela non plus n’a pas arrêté la jeune femme, qui a par la suite entrepris une opération de reconstruction des tissus grâce à un lambeau du muscle grand dorsal. Cette opération consiste à transférer un morceau du muscle grand dorsal (situé vers l’avant du dos) sous la peau du thorax pour reformer le sein. Chez Anaïs, cette opération est complétée par du lipo-feeling qui permet de retrouver un galbe naturel “en prenant de mon gras pour le réinjecter dans la poitrine”, plaisante-t-elle.

Après l’effort : la récupération

L’arrêt de la chimiothérapie a permis à Anaïs de retrouver les mêmes sensations de course qu’elle avait avant son cancer. “Après un mois et demi, je me sentais bien, je reprenais des forces et les entraînements se passaient de mieux en mieux”. Depuis 2020, elle est en rémission. Entre ses entraînements, elle se rend toujours à des examens de contrôle tous les six mois pour “un bilan sanguin, une échographie mammaire et abdo-pelvienne, un scanner… la totale”, ce qui ne l’empêche pas de mener sa préparation physique pour ses prochaines compétitions.

 La marathonienne a réussi à garder le cap en relativisant grâce à la course. “Je n’ai peut-être plus de poitrine mais j’ai deux bras, deux jambes; je peux toujours courir !”. Convaincue des bienfaits de son activité physique, la jeune femme a puisé sa force aussi bien mentale que physique lorsqu’elle sortait, baskets aux pieds. “Tout ce qui m’a motivée pendant cette période-là c’était la course à pied. J’avais un objectif, m’en sortir, et la course à pied m’a réellement aidée.”

Le risque de récidive de cancer subsiste et peut à nouveau se déclencher à n’importe quel moment mais Anaïs ne perd pas de vue ses prochains objectifs : le championnat de France des 100 km pour 2022 (l’édition 2021 étant annulée à cause du contexte sanitaire). Et, peut-être, le retour des marathons…

D’autres malades du cancer ont aussi choisi le sport pour surmonter cette épreuve. Le journaliste Vincent Guerrier, touché par la maladie, s’est lancé dans une aventure musclée, entre le vélo et la course. Vincent et sa compagne Léa Dall’Aglio, également journaliste, ont profité de cette étape de vie pour en tirer le meilleur. Les deux sportifs ont enquêté sur les bienfaits de l’activité physique pour combattre le cancer, un projet audacieux à retrouver dans l’ouvrage Malades de sports – Un remède contre le cancer et sur le site https://maladesdesport.fr/ .


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